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" - Je serais tentée de te tuer, mais j'ai le sentiment... que tu as encore des choses à accomplir en ce monde. D'après la prophétie, tu es l'élue des étoiles, la Princesse qui détruira la menace qui plane sur notre univers. Si je t'achève, nous mourrons tous. Ni Zaran, ni Aaliah ne méritent de connaître un tel destin.

La prisonnière comprit qu'elle parlait du petit garçon qu'elle avait aperçu et de la grand-mère de Senra.

Aaliah. Voilà un prénom et une personne dont elle se souviendrait sans nul doute.

Elle jeta un discret coup d’œil derrière elle, espérant que son geste ne trahisse pas la présence de la vieille femme, mais son regard rencontra le vide. Sa bouche s'entrouvrit de stupéfaction. Incapable de s'expliquer cette soudaine disparition, Héra reporta son attention sur sa geôlière, qui s'éloignait déjà.

La porte se referma et les ténèbres se répandirent de nouveau dans la pièce."

"Norweyn se tourna vers son époux, le regard de plus en plus troublé.

-    Se pourrait-il que nos prières aient été entendues ? murmura-t-     elle, interdite.

- Ryenn et Croma ont finalement eu pitié de nous et nous ont envoyé un émissaire, répondit Daegan sans quitter le visiteur des yeux. Si vous êtes un émissaire des Créateurs, alors nous sommes vos humbles serviteurs et acceptons avec honneur votre aide, ajouta-t-il à son attention en se courbant.

Un petit rictus étira les lèvres du renégat, qui les observait de son regard insondable.

-    C'est ce que je voulais entendre.

Il s'approcha ensuite de la reine, dont l'expression était passée du mépris au trouble. Il prit sa main et la baisa, mais comme tous les faits et gestes de Vestigem, celui-ci n'était guère dénué d'intentions. Il en profita pour transmettre un enchantement de persuasion -temporaire mais efficace- et retira ses lèvres lorsqu'il sentit l'énergie quitter son corps pour rejoindre le sien. Lorsqu'elle réaliserait son erreur, il serait trop tard. Il n'avait donc pas besoin de s'assurer de sa confiance définitive.

-    Je suis navré d'avoir semé tant de trouble au sein de votre palais, Altesse, ajouta-t-il en jetant un regard faussement navré vers les gardes qui se terraient toujours le plus loin possible de l'étranger.

-   Vous avez fait ce que vous estimiez nécessaire. Nous réunirons dès que possible nos sujets afin que vous nous guidiez vers les responsables du chaos qui règne dans notre royaume. Que les dieux vous protègent, Vestigem, émissaire des Créateurs.

« C'est cela, oui. »

Il s'inclina en continuant de dissimuler son amusement et déverrouilla d'un claquement de doigts les portes du palais, avant de s'engager vers la sortie. Il n'eut qu'à siffler pour que son étalon le suive. Les gardes avaient déjà fui à grandes enjambées, bouleversés par les événements auxquels ils venaient d'assister. Il put donc quitter les lieux en toute sérénité."

"Tout... accepter. Accepter que chacune de ses convictions s'effrite. Accepter de reconnaître qu'elle s'était fourvoyée... sur tant de choses. Accepter que les ténèbres qu'elle portait dans son cœur, autrefois faiblesse, seraient sa force d'aujourd'hui. Accepter que l'ombre réponde à l'ombre, après tant de lunes passées à la combattre. Accepter enfin que sa quête -leur quête- les avaient rendus aveugles à l'agonie de l'indésirable. Accepter qu'ils n'avaient su entendre la douleur d'un seul, alors qu'ils prônaient la paix de tout un monde.
Et ouvrir les yeux."

Il baissa la tête et plissa les yeux en cherchant son souffle. Chaque mot lui était plus difficile que le précédent. S'ensuivit un long silence qui lui parut une éternité. Quoi qu'elle décide, il le savait, il n'y aurait pas de fin heureuse. L'un des deux était condamné à souffrir. Une main sur son visage, aussi douce qu'une caresse, l'arracha à ses sombres pensées. Elle l'observait d'un œil paisible, comme si la gravité de la situation lui échappait. Ses paroles lui prouvèrent toutefois le contraire.

-    Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix. Seulement des  alternatives, des chemins... J'ai choisi depuis longtemps. La réponse a toujours été une évidence pour moi. Elle n'est ni juste, ni fausse. Elle est seulement ce que je pense, ce en quoi je crois. Où que mes pas me conduisent, c'est auprès de toi que je veux marcher... pour l'éternité.

De nouveau, ses lèvres vinrent effleurer celles du renégat, qui se laissa aller à cet engagement aussi touchant que déchirant. Les êtres qu'il avait côtoyé toute sa vie avaient passé tant de temps à le craindre que l'assurance d'Alisha lui paraissait presque anormale. Vestigem mit fin à leur échange à contrecœur et se releva lentement, les yeux rivés sur l'horizon, en direction du palais d'Helia qui se découpait dans le ciel brumeux. La jeune femme l'imita.

-    Qu'allons-nous faire maintenant ?

-    Achever ce que j'ai commencé, murmura le cavalier d'Emeres sans pouvoir la regarder dans les yeux.

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